Il s’agit de dessins au feutre à micro pigment, le plus souvent de petites tailles. C’est l’attrait d’un territoire vierge, sans attentes particulières qui m’a amené à improviser, ex nihilo, les premiers dessins. Ces émergences sensibles sont à la fois un moyen de m’évader et de descendre en moi-même. J’aurais pu intituler ce travail « spontanéité et accident », car ma pratique du dessin consiste principalement à me rendre disponible et à accompagner ce qui surgit ; à m’adapter, sans diriger le trait dans une direction précise, c’est-à-dire en quelque sorte à laisser s’établir un lien direct entre le psychisme et la main.
Comme un robinet qu’on ouvre, je vois à chaque fois apparaître des formes inédites qui subissent des transformations et se redéfinissent pendant le processus : mondes miniatures, organismes inconnues, architectures futuristes ou primitives, animaux fantastiques, êtres oniriques ou cauchemardesques, pullulement d’une multitudes d’entités qui oscillent entre l’informe et la figuration…Dans ce « retour à un balbutiement originel », comme l’appel Henri Michaux, où le langage est oublié, je fais l’expérience d’une vrai rencontre avec l’inconnue, car ces « êtres » qui s’imposent à moi me laisse dans l’étonnement de ce qui résiste à la réification.